Le marais - zone Natura 2000
Les marais - zone protégée Natura 2000
L’ Espace naturel sensible du Marais de Chirens - Val d’Ainan
Découvrez l’une des plus importantes zones humides du département : le marais de Chirens – Val d’Ainan.
Nous vous accompagnerons tout au long du « chemin des libellules », sentier aménagé à votre attention. Il vous permettra de faire connaissance avec la faune et la flore du marais ainsi que de comprendre les enjeux de sa préservation. Alors, n’attendez plus : suivez vos hôtes, les libellules dont la grande famille présente une diversité qui est à l’image du milieu que vous vous apprêtez à découvrir.
UN SITE À PRÉSERVER ET À DÉCOUVRIR
Sur les 380 hectares des marais du val d’Ainan, le Conseil Général de l’Isère est propriétaire de 40 ha à Chirens. Classés Espace Naturel Sensible, leur gestion a été confiée à AVENIR (Conservatoire d’Espaces Naturels Isère).
Avec la commune, les propriétaires privés et les usagers, ils ont pour objectif de :
- conserver le caractère humide du marais et étendre les prairies tourbeuses humides
- améliorer la naturalité de l’Ainan
- conserver et favoriser les populations de papillons, d’amphibiens (grenouilles, tritons…), de libellules, d’oiseaux et de poissons
- valoriser le site et favoriser son accès au public
Superficie : 79 ha de zone d’intervention et 1,8 km de sentier de découverte
Classements : Espace Naturel Sensible départemental, ZNIEFF, site inventorié dans le Site Natura 2000 «Val d’Ainan »
POUR UNE VISITE RESPONSABLE ET RÉUSSIE
- Restez sur le sentier : il est aménagé pour protéger la flore et la faune des piétinements tout en vous permettant de l’observer avec notamment une mare pédagogique et un belvédère.
- Respectez le règlement en vigueur : chiens, motocyclette, feu, cueillette, abandon d’ordures sont strictement interdits.
- Equipez-vous de : jumelles, appareil photo, sac pour vos déchets, crayons pour vos enfants, casquettes et gourde si vous venez en été, bottes en cas de pluie ...
- Et surtout, faites preuve de patience, de discrétion et d’observation… La nature vous récompensera !
Aux origines du marais
Entre les piémonts de Chartreuse et le lac de Paladru, les marais du Val d’Ainan, sont un héritage de l’époque glaciaire. De cette histoire géologique et climatique est né un sol propice au développement d’une remarquable biodiversité.
QUAND L’EAU SCULPTAIT LA TERRE….
- Au milieu de l’ère tertiaire (-30 millions d’années), à l’époque de la naissance des Alpes, le site de Chirens est… sous la mer ! Les sédiments sont soulevés, plissés, cassés pour donner naissance aux massifs de la Chartreuse et du Vercors entre lesquels l’Isère creusera son lit. Le cours d’eau va charrier des alluvions qui se déposeront sur 3 000 m d’épaisseur.
- À la fin de l’ère Tertiaire (-3 millions d’années), le plateau sous-marin se soulève puis s’érode petit à petit.
- Durant l’ère quaternaire (-2 millions à -15 000 ans), le glacier du Rhône va creuser le Val d’Ainan, et, au gré de ses retraits successifs, sculpter un véritable amphithéâtre de moraines (accumulations de gravats et de cailloux issus de l’érosion). Après sa fonte, des lacs vont persister : le lac de Paladru est encore en eau, celui de Chirens s’est comblé de sédiments et de tourbe pour devenir marais.
LA TOURBE, MÉMOIRE DES HOMMES :
Issue de la décomposition des végétaux dans un milieu saturé d’eau, la tourbe renferme des grains de pollens détectables dans les « carottes » (Une « carotte » est un échantillon cylindrique prélevé dans le sol verticalement. À Chirens, elle peut atteindre 14 m de haut ce qui représente 14 000 ans d’histoire. On retrouve la craie accumulée à la place de l’ancien lac 12 000 ans av. J.C. (tons clairs) et l’apparition de la tourbe 1 000 ans av. JC. Tourbe blonde d’abord, puis brune et noire aujourd’hui, à la surface du marais.).
Leur analyse nous informe sur l’évolution de la végétation et l’action de l’Homme. Ainsi, on sait que les paysans ont défriché le marais pour créer des pâturages il y a 6 000 ans.
UNE MOSAÏQUE DE PAYSAGES :
pâturages, champs de céréales, prairies humides, tourbières, roselières et boisements déclinent toute une palette de verts et autant d’écosystèmes.
Du glacier au marais
Le glacier
Il y a 15 000 ans, le glacier du Rhône creuse une dernière fois le val de l’Ainan à Chirens.
Le lac
En se retirant, le glacier du Rhône laisse place à un lac proglaciaire (lac résultant de la fonte des glaces).
Le marais
Peu à peu, ce lac s’est comblé de sédiments d’abord calcaires (craie), puis de dépôts de matière organique issue de la décomposition des végétaux, la tourbe.
Et au milieu coule l’Ainan
Prenant sa source en amont de Chirens, l’Ainan s’écoule vers le nord-est pour se jeter, 19 km plus loin dans le Guiers. Véritable colonne vertébrale du site, l’Ainan entretient une relation d’interdépendance avec le marais : elle maintient son humidité et les conditions de sa biodiversité alors que le marais assure à la rivière un rôle de régulateur.
LE VAL D’AINAN ET SES RUISSEAUX VERSANTS :
La faiblesse de la pente a favorisé la stagnation de l’eau et l’accumulation de la tourbe. En aval du marais, l’Ainan reçoit pas moins de 15 ruisseaux versants qui forment parfois des chutes d’eau. Par le passé, ouvrages hydrauliques et activités artisanales utilisaient l’énergie de la rivière.
QUAND LA RIVIÈRE QUITTE SON LIT…
L’Ainan présente d’importantes fluctuations saisonnières de débit : en juin 2002, une crue centennale provoqua coulées de boues, glissements de terrain et creusement du lit de la rivière en aval du marais, qui, en cas de fortes précipitations, joue plus que jamais son rôle de régulateur. Un an après, en 2003, le lit de la rivière était partiellement à sec.
UN TRACÉ QUI N’A RIEN DE NATUREL :
Sous Napoléon III, les paysans ont été incités à créer des fossés et à canaliser l’eau pour assainir le marais et le rendre cultivable. Aujourd’hui, les fossés sont fermés pour maintenir l’humidité du marais que l’Ainan traverse en ligne droite.
Faune et flore, baromètres de la qualité des eaux
Les colorés MARTINS PÊCHEURS (Alcedo atthis) se pèrchent dans les bois humides pour repérer les petits poissons dans les eaux calmes et claires avant de les attraper avec leur bec aiguisé. Mais pour nicher, ils se cachent au fond de terriers creusés dans la berge.
La larve D’ÉPHÉMÈRE (Ephemeroptera) vit dans l’eau pendant un an en respirant grâce à des branchies. Mais une fois adulte, incapable de se nourrir, l’insecte meurt après 24 h qu’il doit occuper à assurer sa descendance.
LA VÉRONIQUE DES RUISSEAUX (Veronica beccabunga), petite plante vivace, égaie de ses fleurs bleues les bords de l’eau.
Le poisson CHABOT (Cottus gobio) a également besoin d’eau claire pour repérer ses proies au fond de la rivière.
Un petit tas de brindilles ? Non, c’est Une larve DE TRICHOPTÈRE (Trichoptera) qui construit son fourreau protecteur avec les débris avant de devenir un insecte aux ailes poilues. Vous avez dit curieux ?
La libellule AGRION DE MERCURE (Coenagrion mercuriale) est une espèce menacée. Mais leurs larves, très sensibles à la pollution organique des cours d’eau, semblent se plaire au bord de la rivière et des fossés de l’Ainan.
CORDULEGASTRE ANNELÉ (Cordulegaster boltonii) est une grande libellule prédatrice (jusqu’à 15cm) : au bord de la rivière, sa larve chasse les têtards, les invertébrés et les petits poissons. Adulte, elle se nourrit de petits insectes qu’elle capture en plein vol.
La mare , un concentré de vie !
Les mares et les petites étendues d’eau dormante sont des écosystèmes à part entière qui permettent d’observer et de comprendre les liens entre leurs différents « habitants » parfois rares et menacés. À Chirens, une mare pédagogique est aménagée et entretenue afin de vous permettre de découvrir un véritable concentré de vie.
UNE FLORE UTILE :
Autour de la mare, les plantes se répartissent en fonction de l’engorgement du sol et de la profondeur de l’eau. Elles participent activement à son épuration et procurent une source d’oxygène, de nourriture, ainsi qu’un abri, lieu de reproduction et de ponte pour les animaux.
LE PLANTAIN D’EAU (Alisma plantago-aquatica) est une plante aquatique aux propriétés filtrantes.
Si la mare peut être aménagée par l'homme, elle peut également s’installer spontanément dans les trous laissés par la chute des arbres (mares-châblis). Des milieux similaires s’installent aussi dans les ornières.
Une faune adaptée et fragile
Insectes, mollusques, crustacés, vers, amphibiens et oiseaux se développent dans l’eau ou aux abords de la mare. Ces espèces, très diversifiées ont su s’adapter à des conditions extrêmes comme le manque d’eau en été et le gel en hiver. Chacune a su trouver le moyen de respirer : en apnée (grenouille, triton), avec des branchies (têtards, larves de libellules), un « tuba » (ranâtre, nèpe) ou encore des « bouteilles de plongée » (notonecte, dytique).
Perchée sur la végétation de la rive, LA LIBELLULE Sympetrum sanguineum surveille son territoire.
LE TRITON ALPESTRE (Ichthyosaura alpestris) est un amphibien aux couleurs remarquables, surtout chez le mâle qui arbore un ventre orange vif et des flancs bleu turquoise.
LA ROUSSEROLLE VERDEROLLE (Acrocephalus palustris) fréquente les bosquets et les hautes herbes situés au bord de l’eau où elle trouve ses proies favorites, invertébrés, petits insectes et araignées.
L’AGRION JOUVENCELLE (Coenagrion puella) est reconnaissable par une forme de U sur son abdomen.
Parfaitement inoffensive, LA COULEUVRE À COLLIER (Natrix natrix) est attirée par la présence de l’un de ses mets favoris, les grenouilles.
Entre terre et eau , la prairie humide
La présence quasi constante de l’eau autour de la rivière favorise le développement d’une végétation dense, parmi laquelle des plantes parfois très rares. Cette prairie humide est le refuge de nombreux insectes, amphibiens, petits mammifères et oiseaux migrateurs. Son maintien est donc primordial mais a parfois été menacé par son exploitation et nécessite un entretien régulier.
LES BALLES DE FOIN NE SONT PAS LAISSÉES AU BORD DES CHEMINS PAR HASARD : refuge pour la faune, elles attirent les nids de rongeurs, les couleuvres, les hérissons, les insectes...
Appartenant à la famille des orchidées, LA SPIRANTHE D’ÉTÉ (Spiranthes aestivalis) présente des fleurs blanches implantées en spirale le long de sa tige. Elle dégage un parfum de jacinthe afin d’attirer les insectes pollinisateurs.
LA PIE GRIÈCHE ÉCORCHEUR (Lanius collurio) se crée un véritable garde manger en piquant lézards et gros insectes sur les épines d’un buisson ou même des barbelés.
LA MOLINIE BLEUE (Molinia caerulea) domine la prairie humide en créant des sortes de mottes surélevées (touradons) bien visibles après la fauche d’été. Les plantes rares se développent entre les touffes bleues qui abritent tritons, salamandres, grenouilles et crapauds. Abandonnée, elle se laisse vite coloniser par la bourdaine, le saule cendré ou le bouleau caractéristiques des bois humides qui précèdent les bois de frêne et d’aulne.
LE MARISQUE (Cladium mariscus) érige ses feuilles dures et coupantes à près de 1m20 du sol. Étonnamment, les araignées l’occupent en fonction de de leurs origines géographiques : les araignées scandinaves à la base de de la plante et celles du sud à son sommet. L’araignée ÉPEIRE FASCIÉE (Argiope bruennichi) n’a rien à envier aux couturières : elle présente la particularité de tisser sa toile en formant un stabilimentum, sorte de point en zig-zag qui vous permettra de la repérer.
Le marais agricole , une ressource actuelle
De tous temps, les ressources du marais ont été exploitées par les agriculteurs qui ont façonné, au fil des siècles, une véritable « mosaïque » de paysages. Aujourd’hui, la fauche des foins est toujours pratiquée : elle permet d’entretenir la prairie et de préserver un patrimoine naturel unique.
L’histoire d'un paysage
- Dès le Moyen-Âge, le marais fournit roseaux (toitures et litières) et pâtures.
- Au milieu du XVIIIe siècle, les mesures hygiénistes incitent les paysans à assainir le marais et à gagner des terres cultivées en créant les fossés de drainage. Les céréales sont introduites.
- De la fin du XIXe siècle à la Seconde Guerre Mondiale, les cultures maraîchères et la récolte de la « bauche » (paille) sont majoritaires.
- La Seconde Guerre Mondiale marque une première période d’abandon, les hommes n’entretenant plus les fossés. La mécanisation de l’agriculture n’étant pas adaptée au marais, l’élevage et le fourrage sont pratiqués sur certaines parcelles alors que d’autres sont progressivement envahies de broussailles et bois humides.
Entre menaces et protection
- Dans les années 1960, l’intensification de l’agriculture généralisée affecte le marais contribuant à son comblement.
- Dans les années 1980, les dernières opérations d’assèchement et de remembrement menacent le site qui sera bientôt protégé par le Conseil Général de l’Isère au titre des Espaces Naturels Sensibles.
- Depuis les années 1990, les fossés sont progressivement comblés et les agriculteurs sont sensibilisés à de nouvelles pratiques qui préservent leur activité comme la faune et la flore du marais.
La fauche, une action de préservation
Les agriculteurs participent à la gestion traditionnelle des cultures de fourrage en respectant une alternance des fauches. Celle-ci préserve les oeufs et larves d’insectes tout en permettant à certaines plantes rares de se développer.
L’ORCHIS À FLEURS LÂCHES (Orchis laxiflora) est une orchidée protégée qui présente des fleurs violacées espacées. Elle pousse essentiellement sur les bandes de prairies fauchées.
Préserver le marais , une question d’avenir
En préservant le marais, les acteurs publics et associatifs oeuvrent pour l’environnement mais également pour la protection du cadre de vie des riverains, aujourd’hui et demain. Et, comme apprécier et connaître un lieu
permet de mieux le respecter, tout est fait pour vous accueillir dans les meilleures conditions.
Une épuration naturelle
- Le marais filtre l’eau : les matières en suspension sont déposées au fond de l’eau, ce qui contribue à sa limpidité. Certaines plantes aquatiques emmagasinent les polluants dans leurs racines et purifient ainsi les eaux.
Un rôle d'éponge
- Telle une immense éponge, le marais retient l’eau en période de crue et la libère progressivement lors des sécheresses estivales. Il atténue ainsi les problèmes d’inondation et de sécheresse.
Un régulateur naturel de l'Ainan
- Le marais joue un rôle de régulateur des crues, en absorbant les excès d’eau, limitant ainsi le risque d’inondation.
Un réservoir de biodiversité
De nombreuses espèces végétales et animales sont liées aux zones humides. Elles sont très souvent menacées du fait de la disparition de leurs habitats.
Grâce à son long bec arqué, LE COURLIS CENDRÉ (Numenius arquata) fouille la vase du marais pour se nourrir d’insectes, de mollusques, de crustacés et de vers de terre. Au printemps, il se donne en spectacle à l’occasion d’une parade nuptiale : ses vols glissés, appels tendres et mélancoliques ponctuent le ciel. Il y a quelques années, on pouvait le repérer grâce à ses cris « cour-li...cour-li...cour-li... ». Espérons l’entendre à nouveau...
La femelle de la GRENOUILLE ROUSSE (Rana temporaria) pond ses oeufs par amas qui restent à la surface de l’eau. Elle est particulièrement sensible au réchauffement climatique.
le Marais de Chirens - Val d’Ainan
Au coeur du réseau des espaces naturels sensibles de l’Isère, découvrez les richesses du marais de Chirens – val d’Ainan en suivant le « sentier des libellules ».
En savoir plus :
- Téléchargez le livret Livret marais (4.51 Mo)
- https://biodiversite.isere.fr/agir/vademecum
Date de dernière mise à jour : 19/04/2024